Les principes de l'Animation Participative - 11ème principe !

22 déc. 2015

Les Principes de l’Animation Participative selon Accolades

Chaque semaine, d’octobre à décembre 2015, notre équipe vous a proposé la présentation d’un des principes qui portent notre engagement quotidien dans l’animation participative et au service d’acteurs du développement local.

Voici le dernier des 11 principes énoncés. Rappelons que l’ordre de présentation, semaine après semaine, ne traduisait aucun ordre d’importance ou une quelconque hiérarchie entre ces principes de l’Animation Participative. Ils sont plutôt les éléments d’un système, reliés entre eux.

L’acceptation du chaos

Accepter le chaos fait partie intégrante de l’animation participative. Ce principe met en application celui énonçant que le groupe construit le contenu. Dans le cas du chaos, le groupe produit un état de rupture dans la séance. Pour l’animateur, accepter le chaos c’est accepter que cette rupture produise dans le groupe des effets, des conséquences qui nous échappent (lâcher-prise).

Regardons ailleurs, sans pour autant être exhaustif : Chaos et mythologie, mathématique ou physique …

  • Dans la mythologie grecque, Chaos est une entité primordiale d'où naît l'univers.
  • Henri Poincaré (mathématicien, physicien, philosophe et ingénieur français – 1854-1912) parle du phénomène connu aujourd'hui sous la dénomination de sensibilité aux conditions initiales : pour un système chaotique, une très petite erreur sur la connaissance de l'état initial dans l'espace des phases va se trouver (presque toujours) rapidement amplifiée.
  • Si nous pouvons tenter de nous référer à la physique, le chaos serait un événement montrant que les phénomènes ne sont pas linéaires. Il serait la rupture dans le principe de linéarité.

Nous pouvons aussi repérer que le terme du chaos est utilisé pour signifier une altération d’un processus provoquant un changement.

Revenons à l’animation participative :

Accepter le chaos, c’est accepter qu’un groupe fasse rupture dans le processus.

Dans la majorité des cas, les raisons échappent à l’animateur et parfois même à une partie du groupe. Cependant, il peut arriver que l’animateur, percevant les difficultés des individus à dépasser certains enjeux, certains positionnements ou jeux de pouvoir, décide de mettre en œuvre un processus allant jusqu’à la « rupture chaotique ». 

Cela peut permettre aux individus de se repositionner, au groupe de repartir sur de nouvelles bases et à l’animateur de reprendre la démarche dans de nouvelles conditions sans être le fusible du groupe. En effet, il peut arriver en animation participative, que les individus, membres d’un groupe, se servent de l’animateur comme objet de détournement des conflits ou d’évitement de situations de blocage, ce qui empêche toute possibilité d’évolution positive de la situation ou du projet.

Dans nos expériences,  nous avons pu constater que, parfois,  le groupe « n’avance pas », « ne produit pas », et cela même en reformulant la consigne (qui aurait pu être mal comprise), ou en repositionnant les enjeux de la séance ; nous repérons un point de blocage. De temps à autre, on entend quelqu’un proposer de « crever l’abcès », ou alors on voit une personne se lever soudainement et quitter la salle,  ...

Le chaos s’installe et se manifeste alors physiquement (positions physiques qui se rigidifient ou s’agitent,  échanges entre des personnes en aparté, pleurs, ...). 

Là, l’animateur se doit de mettre des mots sur ce qu’il voit, sur ce que le groupe donne à voir. En acceptant le chaos, l’animateur peut alors proposer de suspendre la séance, le temps de lever les tensions, ou de clore totalement la séance tant les points de blocage sont importants et rendent impossible l’avancée collective.

Si le chaos est  souvent associé à la notion de destruction ou de fin, en animation participative, considérons au contraire, qu’il correspond à une étape. En effet, il marque un temps d’arrêt dans le processus de construction du groupe qui permet de repartir sur de nouveaux points de référence, plus tard et peut-être ailleurs. Dans ce sens, nous pouvons associer le chaos à un rebond du groupe, qu’il est nécessaire de positiver. Ce n’est pas un échec d’arrêter, mais une pause nécessaire.

Du chaos naît une étoile. Charlie Chaplin

Article issu d’un texte original de Françoise BEZIN,
Animatrice-formatrice Accolades