Les principes de l'Animation participative - 1er principe !

13 oct. 2015

Les Principes de l’Animation Participative selon Accolades

Chaque semaine, d’octobre à décembre 2015, notre équipe vous propose la présentation d’un des principes qui portent notre engagement quotidien dans l’animation participative et au service d’acteurs du développement local.

En juillet 2015, nous avons retenu des verbes et des expressions pour nous accorder sur la définition d’un principe (pour le distinguer d’une condition de réussite ou d’une posture) : être en première ligne ; se mettre en avant ; se mouiller ; proposer la prise de risque et l’assumer ; accepter de se confronter ; point de départ ; raisonnement ; ce sur quoi Accolades s’appuie pour dire ce qu’est l’animation participative …

Voici le premier des 11 principes que nous proposons. L’ordre de présentation, semaine après semaine, ne traduit aucun ordre d’importance ou une quelconque hiérarchie entre ces principes de l’Animation Participative. Ils sont plutôt les éléments d’un système, reliés entre eux.

 

La conviction que le groupe porte la réponse

Avoir la conviction que le groupe porte la réponse, qu’il est en capacité de faire une proposition, d’avoir un avis, de réaliser une production. 

« Avoir la conviction ».  Il faut dans un premier temps que nous ayons la même lecture pour permettre d’identifier ce que nous mettons derrière ce principe et pourquoi il est important dans ce principe d’utiliser la formulation avoir la conviction …

Du côté de l’étymologie du latin ecclésiastique : convictio « démonstration convaincante, décisive », dérivé de convincĕre « convaincre ».

Du côté du dictionnaire :

- État d'esprit de quelqu'un qui croit fermement à la vérité de ce qu'il pense ; certitude : J'ai la conviction que le conflit aura lieu.

- Principe, idée qui a un caractère fondamental pour quelqu'un (surtout pluriel) : Avoir des convictions politiques bien arrêtées.

- Conscience que l'on a de l'importance, de l'utilité, du bien-fondé de ce que l'on fait ; sérieux : Soutenir un projet avec conviction.

Du côté de l’Académie Française

- Effet qu'une preuve évidente produit dans l'esprit, certitude que l'on a de la vérité d'un fait, d'un principe. L'évidence peut seule donner une véritable conviction. Être dans une entière conviction. Avoir l'intime conviction d'une chose. Agir par conviction. Une conviction profonde.

Ce que nous retenons pour ce principe c’est l’état d’esprit de l’animateur qui croit fermement, qui a la certitude que le groupe porte la réponse, et non pas le premier sens qui est de convaincre, sauf si c’est se convaincre soi-même. Nous pouvons aussi employer le terme confiance dans le sens de considération positive inconditionnelle.

Nous pouvons préciser que le groupe (hétérogène dans sa composition) porte sa réponse à cet instant de travail, dans ce contexte. L’animateur doit avoir cette conviction ; ce qui lui permet ainsi de lâcher prise (un autre des principes proposés) si cela est nécessaire. Cette conviction fait également appel au non jugement dont l’animateur doit faire preuve ; accepter les productions du groupe, ne pas émettre de jugement, accepter que le groupe peut douter, se contredire, ne pas être d’accord en son sein… Carl Rogers parle de « regard positif inconditionnel », donc de confiance.

C’est une conviction qui est également en lien avec le concept de la Maïeutique attribué à Socrate sur la notion d’accoucheur des consciences : « le maitre est l’accoucheur non le géniteur ». « La Maïeutique indique que les réponses proviennent de l’intérieur, la personne porte en elle les problèmes et les solutions. Faire accoucher l’esprit, signifie faire découvrir à l’autre, au monde des vérités qu’il porte en utilisant la parole, l’échange. Chaque personne devient lui même l’artisan de sa propre  réalisation »[1].

L’animateur, garant du processus d’animation, va accompagner la réflexion, s’adapter à la situation tout en gardant cette conviction que le groupe peut trouver sa solution. Mais alors, quelles pourraient être les limites de la conviction ? Jusqu’où  peut-on croire dans le groupe ? N’existe-t-il pas une limite au non jugement ?

Les limites de la conviction. La conviction peut faire appel à une croyance. Le côté positif est alors que la conviction est une opinion ferme, mais la limite peut-être la passion que l’on y met. Le rôle de l’animateur se trouve dans l’accompagnement du groupe sans le mettre en danger. Une trop grande conviction, trop passionnée, pourrait mettre en danger un groupe qui n’est pas prêt, qui a besoin de plus de maturité pour produire, construire, réfléchir, débattre…. Dans sa capacité d’observation et d’adaptation, l’animateur doit être garant de ce point.

Les limites du non jugement. Une posture non-jugeante de l’animateur est une condition de réussite pour conduire un processus d’animation participative. Cette posture s’appuie sur un autre principe : celui de la neutralité. L’animateur est garant du processus, de la qualité des échanges et doit laisser les productions au groupe. L’animateur ne peut faire appel à aucun cadre de référence en dehors de sa propre conviction. L’enjeu est peut-être de savoir maitriser ou conditionner son propre désir d’influence.

Enfin, cette conviction de l’animateur devrait être contagieuse et transmise au groupe. Le collectif d’individus bénéficiera aussi de cette confiance, favorable à la prise de conscience que vise l’animation participative.

Article issu d’un texte original de Christine Giraud,
Animatrice-formatrice Accolades

 

[1] La maïeutique selon la philosophie Socratique