3 nov. 2015
Chaque semaine, d’octobre à décembre 2015, notre équipe vous propose la présentation d’un des principes qui portent notre engagement quotidien dans l’animation participative et au service d’acteurs du développement local.
Voici le 4ème des 11 principes que nous proposons. L’ordre de présentation, semaine après semaine, ne traduit aucune hiérarchie entre ces principes de l’Animation Participative. Ils sont plutôt les éléments d’un système, reliés entre eux. Après « la conviction que le groupe porte la réponse », « la prise en compte du contexte », et « le processus », voici une réflexion concernant le passage de d'individuel au collectif.
L’animation participative veut répondre en particulier à l’enjeu suivant : passer de la motivation et de l’action individuelles à la coopération et à la construction collectives. Il s’agit bien de mettre en mouvement les « je » d’individus côte à côte pour faire naître et vivre le « nous » du groupe.
L’animation participative permet de travailler avec des groupes de tailles très diverses et à la composition très variable (homogène ou hétérogène). L’animation participative exige le choix déterminé de la coopération comme mode de relation entre les personnes constituant le groupe engagé dans le processus d’animation. L’émulation entre les individus favorisée parfois sous forme ludique est là pour stimuler l’implication individuelle des participants et nourrir la dynamique du groupe. Il s’agit alors d’une saine émulation favorable au processus de conscientisation en cours. Mais ce ne peut être qu’une étape de transition ou une modalité avant une nouvelle phase de travail coopératif et de construction partagée.
Une séance d’animation participative débute par un temps d’inclusion. Plusieurs objectifs sont visés alors. L’inclusion doit permettre à chaque participant de réaliser très vite qu’il a bien en commun un ou plusieurs objets (concret ou abstrait) avec les autres participants. Cet objet peut être directement lié à la question centrale qui réunit les participants, ou non. L’inclusion doit être une expérience dans laquelle chacun ressent et comprend que le groupe est mis en mouvement à partir de ce que chaque individu est et accepte de partager.
L’inclusion peut permettre que chacun se déplace, au moins dans l’espace physique de la rencontre – en passant de la position assise à la position debout, en se déplaçant depuis sa chaise vers un tableau, en rejoignant un petit groupe à l’autre bout d’une salle. Ce déplacement physique, et les croisements entre personnes qu’il occasionne, contribue à faire entrer les participants dans le processus de réflexion et d’élaboration collective mis en œuvre par l’animation participative. L’inclusion est à la fois un moment – de démarrage, d’impulsion, de mise en route – et, à la fois, une illustration de la posture déterminée de l’animateur. Ce dernier met tout en œuvre pour que chaque individu ressente combien il est considéré en tant que personne unique et comprenne combien le résultat collectif attendu dépend de sa contribution individuelle dans le groupe.
Cette expression mathématique erronée rejoint une pensée d’Aristote : « la totalité est plus que la somme des parties ». Elle traduit également la conviction – et de nombreuses expériences vécues – selon laquelle on est plus intelligent collectivement qu’individuellement. L’animation participative met en œuvre des méthodes et des outils pour libérer l’intelligence collective d’un groupe. Quand la collaboration, la coopération, l’équité – dans la prise de parole en particulier – sont de mise entre des individus réunis, leurs intelligences, connaissances ou compétences individuelles sont comme sublimées et transformées. Ce qui est obtenu a une force nouvelle et une valeur plus grande. L’animation participative permet d’abord aux personnes de prendre conscience de leur capacité d’agir pour et par elle-même. Ensuite, s’opère la phase de conscientisation avec le collectif et la prise de conscience d’une capacité collective à agir en tant que groupe.
Pour Accolades, les manières de décider et d’agir collectivement, doivent également illustrer ce passage du « je » au « nous ». Chaque membre du groupe est légitime pour construire la décision, la délibération ou la solution qui sera retenue. Cette légitimité s’exprime jusqu’au moment ultime de la construction. Mais l’enjeu est bien que la décision prise s’appuie sur un accord fort et bénéfique pour le collectif d’individus.
Dans des dynamiques de formation ou d’accompagnement de collectifs d’individus, l’animation participative amène à utiliser des outils relativement simples et accessibles à tous type de groupes. Par exemple, on pourra organiser « une pesée » pour identifier l’état des désaccords ou des disparités de point de vue face à un problème ou un choix à solutions multiples. Diverses techniques favorisent la pluralité des expressions de petits groupes à propos d’une question et permettent la construction d’un débat à partir des expressions qui appellent le plus explications et discussions.
Ces diverses méthodes ou outils soulignent l’importance de la progression et du temps qui permettent que chaque personne dépasse son point de vue individuel pour entrer dans une construction collective ; pour que chacun contribue à des prises de décision collectives pleinement légitimes à ses yeux et acceptables même quand il n’y a pas accord parfait sur le résultat obtenu. La force de l’animation participative est de réussir à ce que les postures individuelles ne s’imposent pas sur les démarches de groupe et que l’intelligence collective continue de guider les comportements, les actions et décisions des individus après la fin du travail en groupe.
Ainsi, l’animation participative assume la légitimité supérieure du groupe à celles des individus. Par exemple, si tel ou tel travail de groupe doit faire l’objet d’une synthèse, d’une présentation ou d’un compte-rendu, l’animateur veillera à ce que le groupe ait la possibilité de valider, d’accepter et de compléter cette « restitution » de son travail. Il ne peut pas être question de voir la « production » d’un groupe transformée a posteriori par un seul individu membre du groupe ou extérieur à lui. Si cette « production » doit être reprise ou modifiée, c’est le groupe qui remettra l’ouvrage sur le métier. Cette primauté de la construction collective sur le résultat individuel est d’abord de la responsabilité de l’animateur. Plus que les participants, c’est lui qui tient le cadre et le processus qui permettent de transformer des postures individuelles en conscience collective.
Article issu d’un texte original d’Etienne RAGOT, Animateur-formateur Accolades
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