10 nov. 2015
Chaque semaine, d’octobre à décembre 2015, notre équipe vous propose la présentation d’un des principes qui portent notre engagement quotidien dans l’animation participative et au service d’acteurs du développement local.
Voici le cinquième des onze principes que nous proposons. L’ordre de présentation, semaine après semaine, ne traduit aucune hiérarchie entre ces principes de l’Animation Participative. Ils sont plutôt les éléments d’un système, reliés entre eux.
Lors d’une intervention auprès d’un collectif, l’animateur doit se rappeler qu’il est juste de passage, qu’il partira à l’issue de l’animation. Le groupe, lui, reste ! Ainsi, on comprend la nécessité de faire attention à ce que l’animateur provoque par son intervention et de mieux considérer la question du résultat. Dans cette posture attentive à l’autre, Raymond Devos donne une belle conduite à adopter : “Lorsqu’on a la prétention, comme moi, d’entraîner les gens dans l’imaginaire, il faut pouvoir les ramener dans le réel, ensuite... et sans dommage !”
Ainsi le décor est planté. Il s’agit d’être précautionneux du cadre, du contexte et des acteurs ; en particulier de là où ils en sont.
Accepter que l’animateur ne détient pas le résultat, c’est le groupe qui le construit. Voici quelques fondamentaux à propos de la construction du savoir par le groupe :
La question de départ serait qui est l’expert ? ou plutôt de quelle forme d’expertise parlons nous ? Dans notre système éducatif et culturel, la construction du savoir et des apprentissages est essentiellement descendante ; du maître vers l’élève, du « sachant » vers le sujet ou l’apprenti. La notion même d’expertise renvoie à la nécessité qu’il y ait un expert. Les dictionnaires le définissent par son expérience, ses acquis – y compris ceux issus de la théorie -, sa pratique, sa compétence et son habileté.
Quant à la notion de savoir d’usage, elle renvoie à la connaissance qu’a un individu de son environnement et de la perception de son quotidien. Tout ceci en s’appuyant sur son expérience.
Par extrapolation, les individus et les groupes que nous côtoyons sont des experts. Et ils ont un savoir d’usage. Ainsi, les individus et les groupes, de par leur parcours, leur connaissance ou encore leur expérience, ont une expertise d’usage, sur laquelle repose l’intervention. L’animateur propose, quant à lui, une expertise méthodologique.
L’empirisme est une doctrine philosophique qui considère que la construction de la connaissance ne provient que de l’accumulation d’expériences, de l’observation, de faits mesurables, … permettant d’aller du concret à l’abstrait.
La démarche empirique a toute sa raison d’être dans une démarche de formation et d’animation participative. Ainsi la démarche empirique va se construire dans le processus en mettant le groupe dans une situation qui fait appel à son savoir et son expérience partagée. Le groupe va construire une hypothèse qu’il s’agira ensuite de vérifier. De cette expérimentation, naitra au sein du groupe et par le groupe la construction d’un savoir collectif.
Laisser au groupe la construction du contenu, contribue à la démarche conscientisante (Lire Construire des actions collectives - Michel Séguier et Bernard Dumas - Chronique sociale, 2004). En prenant à son compte la construction du contenu, le groupe prendra conscience de sa capacité d’agir sur la question identifiée et sur son environnement. En construisant le contenu, le collectif développe son pouvoir d’agir (Voir les travaux de Yann Le Bossé). En lâchant prise sur le contenu et le résultat, l’animateur crée un espace de pouvoir pour le groupe. Il ne doit plus se positionner en expert mais construire une démarche qui permette aux collectifs et aux individus de construire leur propre solution.
L’animateur doit concentrer toute son attention sur le processus. Celui ci va permettre au groupe de cheminer, de conscientiser et de construire le résultat de la démarche. Plus un processus est pertinent et adapté, et plus le groupe aura la possibilité d’atteindre l’objectif qu’il s’est fixé.
Cependant, l’animateur doit être très précautionneux afin d’éviter deux travers importants :
Alors que l’enjeu est dans l’identification par les participants eux-même de là où ils veulent aller.
Pourquoi avoir peur du vide, du silence… Remplir le vide c’est remplir de contenu. C’est de nouveau agir sur le fond. Le vide n’est pas un espace neutre. Il est une forme de continu. Il permet de se poser, de réfléchir et il est essentiel dans la construction. Ne pas aboutir à un résultat en dit beaucoup sur le groupe et sur son cheminement. En ne produisant pas, on apprend beaucoup.
L’apport de contenu en formation
Lors d’une formation, Les participants attendent du formateur des apports et un positionnement. Ces apports constituent une proposition faite au groupe, que le processus devra leur permettre de s’approprier.
Ainsi les participants vont réagir, déconstruire et reconstruire leur propre savoir à partir des éléments proposés. In fine, c’est le groupe qui chemine et qui construit son résultat. Chaque individu fera ensuite son propre cheminement.
Freinet, pour sa part, identifie que le formateur construit avec le groupe un vivre ensemble, une expérimentation, avant même de théoriser. Il évoque aussi le transfert du pouvoir du formateur vers le groupe (*). Dans cette démarche, l’animateur formateur ne mettrait en œuvre avec un collectif que ce qu’il aurait déjà expérimenté.
Le contenu est construit par le groupe. L’animateur doit s’ancrer sur le processus. Plus l’animateur est centré sur son processus et plus il permet au groupe de construire son résultat. Ainsi, plus le groupe agit sur le contenu et le résultat et plus il s’émancipe et développe son propre pouvoir d’agir. En cela, la construction du contenu par le groupe est bien un principe de l’animation participative. Et puis, quel plaisir, pour un animateur, de pouvoir observer la transformation du collectif, son développement et la capacité du groupe à mettre en œuvre ses propres solutions.
Rappelons nous que nous ne sommes que de passage.
Article issu d’un texte original de Xavier CHENU,
Animateur-formateur Accolades
(*) Le texte suivant est tiré de Perspectives : revue trimestrielle d’éducation comparée ; (Paris, UNESCO : Bureau international d’éducation), vol. XXIII, n 1-2, mars-juin 1993 p. 407-423. ; ©UNESCO : Bureau international d’éducation, 2000. Ce document peut être reproduit librement, à condition d’en mentionner la source. CELESTIN FREINET* (1896-1966) ; Louis Legrand
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